Véritable fléau de notre époque, les écrans ont envahi nos vies, y compris nos tables de restaurant ! Mais dans ce monde bouillonnant qu’est la restauration, la guerre de l’écran se joue !

En effet, à l’heure où les algorithmes d’Instagram et de TikTok semblent dicter le succès d’un restaurant, et où la visibilité en ligne est devenue la référence, une poignée de chefs et de restaurateurs mettent le poing sur la table et refusent l’hyper-digitalisation de leur métier et misent encore sur les bonnes vieilles méthodes pour remplir leurs salles.

À leurs tables y sont bannis les smartphones, ils ignorent l’origine du mot influenceur et encore moins celui de community manager !

En l’absence d’une présence en ligne ultra-soignée, ces établissements prouvent qu’il est possible de prospérer (voire mieux) en misant sur l’expérience brute : le lien humain, la convivialité et, surtout, le bouche-à-oreille.

Difficile quand on connait l’influence des réseaux sociaux dans le succès d’un établissement. Selon une enquête de l’Observatoire Lifestyle Trends American Express, 43 % des Français (et 64 % des moins de 35 ans) affirment que voir une photo de plat sur les réseaux sociaux les incite à choisir un restaurant en particulier.

Cette pression est telle qu’il est désormais presque impossible de trouver une table étoilée en France qui n’ait pas de présence, au moins minime, sur Instagram.

La fondatrice de la société Malou expert en transformation digitale le confirme : « Aucun restaurant ne peut aujourd’hui être invisible sur les réseaux sociaux. »

Le temps où des chefs de renom, comme Alexandre Gauthier, qui barraient les appareils photo sur sa carte ou Yannick Alléno qui ne comprenait pas la nécessité de communiquer ses plats sur Instagram semble révolu. Et Cédric Grolet dans tout ça ? Qu’aurait-il fait sans Instagram ?

Portant ces résistants affichent complet ! Comment font-ils ?

Direction Rothau, dans le Bas-Rhin, où le restaurant Les Petits Plats de Mamama impose une règle surprenante de nos jours : les téléphones portables sont interdits à table.

Pour les responsables, Olivier et Sandra Holtzmann, cette démarche s’inscrit dans une vision commune : remettre au centre l’échange, la convivialité et le plaisir du partage autour d’un repas.

Ils estiment que « Servir des personnes lobotomisées sur un écran n’a aucun intérêt. » Ils regrettent le temps où « la sortie au restaurant qui, jadis, était un moment de fête où les gens prenaient le temps de se préparer, est devenue simplement une façon de se nourrir. Nous refusons d’être une cantine pour addicts au portable. »

Et ça marche ! L’établissement, qui utilise simplement Facebook pour ses actualités, affiche complet tous les jours et doit refuser en moyenne 50 couverts par service. Une preuve que l’authenticité et la convivialité sont des valeurs sûres !

On continue avec Bastien Giraud, directeur du réseau Bistrot de pays avec 123 établissements à la campagne qui mise uniquement sur l’ancrage local et le bouche-à-oreille.

Selon lui, ses bistrots ruraux fonctionnent comme des affaires familiales ils constituent bien plus que des lieux de restauration ; ils sont des espaces de rencontre, de lien social et d’animation locale.

L’objectif n’est pas de « chasser de nouveaux clients avec de jolis visuels ou une stratégie d’acquisition » mais de fidéliser la clientèle locale. Ainsi le bouche-à-oreille reste la clé, avec en moyenne 15 % de nouveaux visiteurs qui poussent leur porte grâce à leur bonne réputation.

Si en milieu urbain les restaurateurs misent principalement sur le digital et les réseaux sociaux, en zone rural cette pratique est plus rare et s’explique par un manque de temps et de moyens financier. Ils privilégient une commination simple, informative et sans publicité.

 Plutôt que de se battre contre les algorithmes de Facebook et Instagram qui sans publicité payantes ne fonctionnent pas, la Fédération nationale préfère miser sur le collectif : un guide national, des newsletters, des événements locaux et l’appui des offices de tourisme pour attirer des visiteurs.

Alors que près de la moitié des Français se laissent influencer par une photo en ligne, ces bistrots arrivent à attirer 15% de nouveaux clients tous les mois ; De son côté, la société Malou promet sur son site une hausse de 18% de clients en moyenne par mois grâce à ses services.

Vous opteriez pour quelle stratégie ?

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