Cet été, le secteur de l’hôtellerie-restauration en France a dressé un bilan pour le moins contrasté. Si la fréquentation touristique a globalement tenu la route (fort heureusement), les professionnels de la restauration ont tiré la sonnette d’alarme face à de nouveaux défis économiques qui ont pesé sur l’activité. Même si l’hôtellerie résiste, le consommateur français a lui radicalement changé ses habitudes, poussé par un pouvoir d’achat sous pression.
La sonnette d’alarme a été tirée par Franck Chaumès, président de l’UMIH Restauration. Il déplore une chute significative de la fréquentation des restaurants pendant la saison estivale avec un ticket moyen en baisse de 20 à 30 % (oui oui c’est une belle chute).
La raison principale ? Le pouvoir d’achat des Français !
« Les coûts de production sont trop chers. La matière première a augmenté le coût du travail a augmenté. Le coût de l’énergie n’est jamais revenu à son niveau initial. Donc nous sommes obligés de répercuter ces tarifs sur nos cartes », affirme ranck Chaumès, rendant la sortie au restaurant de plus en plus perçu comme une activité de luxe.
Face à ces prix élevés, les consommateurs ont opté pour des alternatives moins chères. Les vacanciers vont moins souvent au restaurant et préconisent les fast-foods, et les repas à la maison.
Pour ce qui est des Français, ils ont choisi de privilégier « les marchés gourmands » pour soulager un peu le porte-monnaie. Concurrence rude de la restauration, ces marchés, qualifiés même de concurrence déloyale par les professionnels, proposent des produits locaux à des prix plus accessibles, car ils ne sont pas soumis aux mêmes normes et charges que les restaurants traditionnels.
À cela s’ajoute une autre problématique pour la restauration : la pénurie de main-d’œuvre saisonnière. Malgré des revalorisations salariales à deux reprises et une amélioration des conditions de travail, il devient de plus en plus difficile pour les saisonniers de se loger sur place, notamment à cause de la forte présence d’Airbnb, ce qui rend difficile le recrutement dans de nombreuses régions.
La gastronomie et le terroir français, font partie intégrante de notre patrimoine, et méritent d’être soutenus. Franck Chaumès rappelle « que chaque jour, 25 restaurants mettent la clé sous la porte et ce tous les jours de l’année. C’est une catastrophe pour notre profession. »
Alors pour ceux qui peuvent se le permettre, allez au restaurant !
Heureusement le secteur de la restauration peut compter sur les touristes. Selon une étude de Sunday, une solution de paiement pour la restauration, certains touristes ont été plus généreux et dépensiers que les Français eux-mêmes.
Les Autrichiens ont été les plus généreux en pourboires, tandis que les Néerlandais ont affiché le ticket moyen le plus élevé à 63 € par repas, suivis de près par les Bahreïnis (62 €) et les Islandais (61 €). Une bonne nouvelle pour le secteur !
Les Taïwanais, quant à eux, ont laissé les meilleures notes, 4,81/5 sur Google Reviews, un record qui confirme leur enthousiasme pour l’offre culinaire française.
Du côté de l’hôtellerie, c’est un peu la loterie selon les régions.
Après les Jeux Olympiques hors normes de l’été dernier, le secteur de l’hôtellerie a connu un été plus calme cet année.
D’après le cabinet MKG, le secteur hôtelier a connu un été « morose », même si la fréquentation a légèrement augmenté (+1,2 %) ; l’activité, elle, est en baisse de 9,2 %.
C’est surtout le segment économique qui a souffert, tandis que le haut de gamme et le luxe ont été portés par le retour des clients internationaux.
Les grandes villes comme Lyon (-10%), Marseille (-6%) et Lille (-27%) ont vu leur activité baisser, contrairement à Nice (+6%) et Cannes (+20%) qui ont bien résisté.
Aussi, les hébergements sur les littoraux affichent un RevPAR en hausse de 5 % , idem pour la Normandie et la Bretagne (+ 8,5 % et + 10 %) qui ont su tirer leur épingle du jeu, tout comme la montagne qui a enregistré l’une de ses meilleures performances estivales (+ 7,5 % de RevPAR tous massifs confondus et + 9 % dans les Alpes du Nord).
Dans le Grand Paris, l’été n’a pas été marqué par une croissance fulgurante. L’office de tourisme Paris Je t’aime a même constaté une légère baisse globale de 1 % des nuitées touristiques par rapport à 2023 sur la période du 1er juillet au 17 août 2025.
Et si le taux d’occupation des hôtels a légèrement progressé pour atteindre 76,8 %, ce sont les meublés touristiques qui ont connu un véritable boom, avec une augmentation de 19 % des nuitées par rapport à 2023. Cette tendance est particulièrement marquée en Seine-Saint-Denis, où la hausse atteint +27 %.
Avec 6,4 millions de visiteurs cet été, la capitale a accueilli un nombre de touristes similaire à l’été 2023, mais la provenance de cette clientèle a changé et c’est une excellente nouvelle pour le secteur du luxe.
En effet, les touristes asiatiques et du Moyen-Orient sont revenus en force. On note une forte progression des visiteurs en provenance de Chine (+40 %), du Japon (+34 %), d’Inde (+14 %), ainsi que des Émirats Arabes Unis (+21 %) et de l’Arabie Saoudite (+24 %).
À l’inverse, la fréquentation de certaine région traditionnelle a chuté de manière surprenante. La Grande-Bretagne (-30 %) et les États-Unis (-27 %) ont marqué un net recul (merci Trump) !
En conclusion, l’été 2025 a mis en lumière les fragilités et les forces du secteur de l’hôtellerie restauration. Si le pouvoir d’achat des Français demeure une préoccupation majeure, le retour d’une clientèle internationale haut de gamme et la capacité d’adaptation des régions offrent un espoir pour les prochaines saisons !